Le crépuscule du maire
La fonction de maire est-elle en voie de perdition ? Retour sur 20 ans d’effeuillage de leurs compétences.
Le maire n’est plus ce qu’il était. Il a encore une bonne image dans l’esprit des Français en dépit du discrédit qui frappe tous les autres élus.
En pleine lumière au moment des lois Defferre (sur la décentralisation) de 1982-83 – qui ont épargné les communes d’une tutelle héritée du XIXe siècle – les maires ont été progressivement dépouillés de leurs pouvoirs par des gouvernements et un parlement qui, tout en louant leur rôle éminent, taillent sans faiblesse dans leurs compétences depuis 20 ans.
Car c’est depuis l’an 2000 que les communes sont dans le collimateur. Et la même fièvre qui a abouti à la prééminence des grandes surfaces sur les petits commerces, engloutit les petites et moyennes communes dans des territoires dominés maintenant par des communautés de communes ou d’agglomérations ou encore des métropoles ou communautés urbaines.
Le maire gérera, à ce rythme, une coquille vide…
Cette politique s’est traduite par un net rétrécissement du domaine d’action des maires et aboutira inéluctablement, dans un futur proche, à la désaffection de nombreuses mairies.
Si les évolutions constatées se confirment, le maire de ce début de siècle a peu de chance de survivre au terme de la prochaine décennie et devrait être remplacé par un supermaire ou un président d’une grande communauté territoriale.
Depuis les années 80 le maire a perdu de nombreuses compétences (voir encadré) qui ont été transférées à l’intercommunalité. À ce rythme il gérera bientôt une coquille vide comme c’est déjà le cas, dans notre département, de nombreuses petites communes.
Le comble sera peut-être atteint quand le ministère de l’Éducation nationale réussira à faire voter une loi (en réserve dans ses services) attribuant la compétence de la scolarisation en primaire et maternelle aux communautés de communes. Dans les coursives du ministère il se chuchote que c’est pour bientôt.
Ce jour-là, la boucle sera bouclée, il ne restera plus grand-chose à transférer en dehors de la police des chiens écrasés.
Tout ceci n’est pas du roman. À bas bruit les communes s’effacent. Et les maires, récemment élus, doivent se rendre compte que la belle écharpe qu’ils revêtent dans les grandes occasions est, heureusement suffisamment large pour masquer leurs maigres guenilles municipales.
Tyché
L’EFFEUILLAGE DES COMPÉTENCES DU MAIRE
Les domaines d’interventions – publié sur le site de l’Intercom – transférés de la commune de Bernay vers l’intercommunalité Bernay terres de Normandie :
• La collecte et traitement des déchets des ménages et déchets assimilés ;
• L’aménagement, entretien et gestion des aires d’accueil des gens du voyage ;
• La création, aménagement et entretien de la voirie d’intérêt communautaire ;
• Les actions de développement économique : création, aménagement, entretien et gestion de zones d’activité industrielle, commerciale, tertiaire,
artisanale, touristique, portuaire ou aéroportuaire. Politique locale du commerce et soutien aux activités commerciales d’intérêt communautaire. Promotion du tourisme, dont la création d’offices de tourisme ;
• L’assainissement des eaux usées ;
• La gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations ;
• L’action sociale d’intérêt communautaire ;
• La construction, entretien et fonctionnement d’équipements culturels et sportifs d’intérêt communautaire (piscine, école de musique) ;
• L’eau potable : la loi impose que ce domaine soit transféré à l’intercommunalité au plus tard le 1er janvier 2026.
Source : Intercom Bernay terres de Normandie.
